Les fabricants de matériel débordent d’imagination en mettant leurs talents au service du vin et nous laissent toujours admiratifs devant la multitude d’idées, petites ou grandes, qui émergent chaque année des projets secrets de leurs ingénieurs.

C’est une cuve en forme d’œuf qui fait parler d’elle depuis quelques années. Oui, un œuf en béton qui semble redistribuer la donne en matière d’élevage des vins.
La société Nomblot basée à Ecuisses en Saône-et-Loire, commercialise cette étrange cuve, aux allures modernes et high-tech comparée aux bonnes vieilles barriques que l’on connait.
Le résultat est très plaisant à l’œil et tranche avec un chai à barriques traditionnel. Design réussi donc mais quel est le réel intérêt d’une telle cuve ?

Cuves Ovoïdes d'Elevage

Les essais comparatifs positifs

Vendues comme cuve à fermentation ou d’élevage, les œufs de Nomblot sont à l’heure actuelle surtout utilisés pour l’élevage.

La plus petite cuve d’une contenance de 6,70 hectolitres (670 litres) pèse 1,3 t et coûte environ 3 200 € soit 1 200 € de plus que 3 barriques représentant à peu de chose près la même contenance. Pourquoi donc, un viticulteur irait acheter cette cuve plus difficile à installer qu’une barrique et plus chère ?

La réponse est simple : les cuves en « œuf », tout comme les barriques, permettent un élevage des vins grâce au béton et à sa microporosité, mais sans les boiser, en respectant le fruit. De plus, la cuve étant en béton, le viticulteur peut la garder très longtemps. Il peut également alterner l’élevage d’un vin rouge et d’un vin blanc, chose impossible pour le bois qui se conservera plusieurs années certes, mais qui ne pourra pas accueillir un vin blanc en élevage après y avoir reçu du rouge ; le vin blanc serait tâché du fait des anthocyanes du vin rouge piégées dans les douelles des barriques !

Cet argument commercial semble acceptable mais le plus intéressant reste à venir.

Du fait de sa forme ovoïde, la suspension naturelle des lies est favorisée grâce aux mouvements de vortex créés. Aucun bâtonnage (action de remettre les lies en suspension dans une cuve ou une barrique) ou brassage n’est nécessaire. Un gain de temps important en cave et un effet positif sur le vin.
En effet, d’après les premiers essais comparatifs menés sur ces cuves par rapport à une barrique, les vins apparaissent beaucoup plus gras en bouche et beaucoup plus fruités.

Les essais continuent et sont de plus en plus poussés : il est indéniable qu’à la lecture des différents essais menés, il se passe quelque chose dans cette cuve. La plus notable est que les vins ressortent plus gras que d’autres et l’intensité aromatique y est plus marquée.

Cuves Ovoïdes
Cuves ovoïdes en version vinification: une porte et une vanne de plus que sur le modèle élevage - crédit photo: Reussir Vigne

L'essentiel en vidéo

France 3 Aquitaine a réalisé un reportage sur l’utilisation de cette cuve ovoïde chez Fabien Castaing, vigneron du domaine Moulin-Pouzy à Cunèges en Dordogne. On y voit la cuve ovoïde et le mouvement continu qui favorise la remise en suspension des lies.

Au début du reportage, le vigneron bâtonne ses barriques. L’œnologue conseil du domaine cité dans la vidéo est Julien Belle, directeur du centre œnologique de Cadillac-Podensac et à l’origine de nombreux essais menés sur ces cuves.

La surenchère est lancée

Nomblot propose sa cuve en version 670 litres, 16 et 30 hectolitres. Les deux derniers modèles peuvent recevoir du moût en fermentation. Mais la concurrence se démarque et frappe fort.

Taransaud, fabricant de barriques et foudres mondialement connu a fait sensation au salon Vinitech à Bordeaux en 2010. Ils ont tout simplement réalisé la première cuve ovoïde en bois.
Baptisé Ovum, ce bijou a été réalisé par les meilleurs ouvriers de France de l’entreprise et a nécessité des trésors de technologie et d’inventions ! Pour une contenance de 20 hectolitres, il faudra par contre débourser 30 000 € ! Cette cuve est une pièce unique, un objet de luxe destiné à la maison de Champagne Marquet. Depuis, d’autres fabricants (Foudrerie François par exemple)  ont réalisé ces petits bijoux.
Parions que les demandes de grands crus bordelais affluent d’ores et déjà chez Taransaud en vue d’être les heureux propriétaires d’un foudre, idéal pour la réalisation de grands crus d’exception.

Cuve Ovum par Taransaud
Ovum de Taransaud en présence du président de la société Henry de Pracomtal - Crédit Photo : site web Sud Ouest

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